l’effet placebo, l’outil du charlatan?

placeboQu’est-ce qu’un placebo?

Un placebo est une substance ou un processus dénué d’effet thérapeutique. Il est utilisé en recherche avant la mise sur le marché d’un médicament.

2 groupes de sujets tirés au sort sont constitués :

  • un groupe qui reçoit le médicament
  • un groupe qui reçoit un placebo

Les sujets et les chercheurs ne savent pas qui reçoit le placebo et qui reçoit le médicament. C’est une recherche en double aveugle.
Si le médicament est efficace, il aura des effets que ne possède pas le placebo.

L’effet placebo, le mal aimé

On évoque souvent l’effet placebo des thérapies alternatives. « C’est un charlatan. Ca a marché parce qu’il y croyait ».

On ne peut cependant pas qualifier les médecins de charlatans, et pourtant l’effet placebo se manifeste aussi en médecine.
Cet effet a été constaté à grande échelle lors de la seconde guerre mondiale. Beecher, médecin anesthésiste, à cours de morphine pour soulager les blessures des soldats, leur injecte de l’eau salée, qui s’avère être efficace pour 1/3 des soldats. De nombreuses autres études sur l’effet placebo dans le traitement de la douleur ont été menées depuis et on retrouve un effet placebo qui s’élève à 40%.
Le fait de croire en l’efficacité du traitement permet cet effet placebo. De même que la pensée peut provoquer des maux, elle peut les supprimer.
Notre pensée peut être comparée à un véritable « médecin intérieur ». Des effets physiologiques de l’effet placebo ont été mis en évidence.

  • Lors de l’administration d’un placebo pour des douleurs, on constate la libération d’endorphines et de dopamine, confirmée par l’imagerie médicale.
  • Le même phénomène se produit avec la maladie de Parkinson. Les sujets à qui on fait croire qu’ils absorbent de la dopamine en produisent réellement.
  • D’autres travaux ont été menés sur les nausées ou la sclérose en plaques par exemple.
Certaines pathologies sont davantage sensibles à l’effet placebo
  • douleurs (40%)
  • anxiété (50%)
  • troubles du sommeil (30%)
  • toux (36%)
  • dépression (30%)
  • Parkinson (18%)
  • transit digestif (27%)
  • troubles alimentaires (51%)
  • ulcère (55%)…
Effet placebo et chirurgie

Encore plus étonnant est l’effet placebo dans le cadre d’opérations chirurgicales. Les sujets ayant subi une fausse opération et ceux soumis à une opération pour supprimer des adhérences pelviennes obtiennent les mêmes résultats positifs.

Plusieurs éléments entrent en ligne de compte pour renforcer l’effet placebo
  • le prix des consultations
  • le prix des médicaments
  • le nom des médicaments
  • la couleur des médicaments
  • la voie d’administration
  • les notices des médicaments
  • les informations diffusées par les media…

Le point le plus important est l‘attitude du médecin. D’une part, un médecin qui prend en compte la globalité de la personne et pas seulement un organe favorisera le rapport, la confiance. Le patient aura confiance dans ce que le médecin lui prescrira. D’autre part, le médecin doit provoquer une attente en mettant en avant les effets bénéfiques du traitement. Les mots guérissent les maux.

On peut même aller plus loin : les croyances du médecin sont importantes dans l’effet placebo sur le patient. Le Dr Wolf qui suivait une personne atteinte d’asthme depuis 18 ans s’est procuré auprès d’un laboratoire un nouveau médicament réputé très efficace mais pas encore sur le marché. La guérison du patient a été instantanée. Soupçonnant un effet placebo, le médecin a demandé au même laboratoire la version placebo du médicament. Ce fut la rechute pour le patient. Faisant part de ces résultats au laboratoire, il apprit qu’il n’avait eu que des placebos. Des signes inconscients ont agi sur l’inconscient du patient…

Pour aller plus loin

Qu’est-ce qui fait le bonheur?

bonheur1Des croyances sur ce qui fait le bonheur, réfutées scientifiquement par la psychologie positive
Alors, qu’est-ce qui contribue à un bonheur stable?
Comment définir la psychologie positive?

Au début du 21ème siècle, Seligman a pris le contrepied de toutes les recherches en psychologie pour s’intéresser non pas à ce qui dysfonctionne mais au fonctionnement optimal, à ce qui procure un bien-être durable, ce qui permet aux individus de s’épanouir. Cette approche est validée scientifiquement. Elle est utilisée en l’absence de symptômes pour éviter les rechutes.

La psychologie positive n’a rien à voir avec la pensée positive. Elle ne dit absolument pas qu’il faut se réjouir de tout mais que la vie a du sens même lors des moments difficiles.

La psychologie positive est intégrée à la 3ème vague des thérapies cognitivo-comportementales, de même que la méditation de pleine conscience.

pour aller plus loin

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Pleine conscience ou mindfulness et santé

pleine conscienceLa Pleine Conscience est un « état de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie instant après instant » (Kabat-Zinn, 2003).

Un art de vivre

Dans notre société où l’on vit à 100 à l’heure, on ne prend plus le temps de profiter de l’instant présent. Et si vous prêtiez attention aux gestes quotidiens ? :

  • respirer en pleine conscience
  • manger en pleine conscience
  • étendre son linge en pleine conscience
  • marcher en pleine conscience
  • se laver en pleine conscience…

Testez votre aptitude spontanée à la pleine conscience :

test de pleine conscience

La méditation de pleine conscience

La méditation est pratiquée depuis 2000 ans dans la philosophie bouddhiste. Elle a été introduite dans la psychologie scientifique dans les années 80 par le psychologue Jon Kabat-Zin et le psychiatre canadien Zindel Segal.
Elle se pratique en groupe, en 8 séances à raison d’1 séance par semaine. Entre chaque séance, de la pratique est demandée.
Elle n’est absolument pas spirituelle mais invite à observer et ressentir sa respiration, les différentes parties de son corps, les sons, les pensées…
La MBCT (Mindful Based Cognitive Therapy ou Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience) est de plus en plus utilisée dans le domaine de la psychologie.

Les domaines d’application

  • stress
  • cardiologie
  • douleurs chroniques
  • troubles respiratoires
  • anxiété
  • prévention des rechutes dépressives…

    Quelques études scientifiques

  • amélioration de l’humeur, réduction de la sensation de fatigue, baisse des symptômes liés au stress chez les patients cancéreux (Speca, 2000)
  • amélioration de la tolérance à la douleur pour les lombalgies chroniques (Morone, 2008)
  • rechutes dépressives moins fréquentes ou qui se produisent plus tard (Tesdale, 2002)

Son action sur le cerveau

cerveau méditationSont activés :

  • les zones fronto-pariétales et fronto-limbiques impliquées dans les capacités attentionnelles
  • le cortex préfrontal gauche, siège des émotions positives
  • le cortex cingulaire antérieur impliqué dans la perception des sensations corporelles
  • l’insula impliquée dans l’intéroception (les perceptions internes)

Est en baisse l’activité des aires du langage donc de la pensée :

  • l’aire de Broca
  • l’aire de Wernicke

source : Christophe André, « La Méditation de pleine Conscience », in Cerveau et psycho 41, 2010.

pour aller plus loin

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Quand notre inconscient refuse notre guérison…

Parfois, alors que toutes les conditions sont réunies pour notre guérison, la thérapie n’a aucun effet. Souvent cela est dû à ce qu’on appelle les « bénéfices secondaires« . L’inconscient identifie des avantages au comportement que vous considérez consciemment comme indésirable et refuse de le modifier.

oui

Prenons des exemples concrets :

  • Une jeune fille a régulièrement des migraines. Elle aimerait se débarrasser de cette douleur qui lui gâche la vie. Cependant, l’inconscient en a décidé autrement. Un travail sur les bénéfices secondaires montre que ses crises migraineuses sont les seuls moments où sa mère lui montre de l’affection en compatissant, lui changeant régulièrement le gant de toilette humide qu’elle a appliqué sur son front…
  • Une femme a pris 20 kgs suite à une rupture amoureuse. Elle ne parvient pas à mincir malgré tout ce qu’elle met en place. Un travail sous hypnose lui permet de réaliser que son inconscient désire conserver ce poids pour que les hommes ne s’approchent plus d’elle.
  • Un homme désire arrêter de fumer. 2 séances d’hypnose lui permettent d’atteindre son objectif, mais il reprend la cigarette un mois plus tard. Certes, il voulait réellement arrêter de fumer mais  la cigarette lui permettait de faire des pauses dans sa journée.
  • Une femme, dépressive, fait des crises d’angoisse qui l’empêchent de sortir de chez elle. La thérapie ne fonctionne pas car son inconscient a réalisé que sans ces crises d’angoisse elle devrait retourner à son travail qu’elle ne supporte plus.

Les bénéfices secondaires ne sont pas faciles à accepter car ils produisent de la culpabilité mais il faut bien comprendre qu’ils sont totalement inconscients.

Il est important

  • de les identifier
  • de conserver ces bénéfices avec un comportement moins handicapant. Par exemple, cet homme qui désire arrêter de fumer peut s’octroyer des pauses en buvant un jus de fruits.

En PNL et encore plus en hypnose qui fait directement appel à l’inconscient, il existe des moyens rapides d’identifier ces bénéfices secondaires et de trouver comment les préserver en changeant de comportement.